L'UNION du 26/06/2008

 

 

Saint-Vincent : Christian Gissinger se veut apaisant

 

 

Christian Gissinger : « Cet incendie est l'occasion d'offrir une nouvelle dimension à l'abbaye ».

Si le conservateur du patrimoine, Christian Gissinger, ne minimise pas l'incendie qui a ravagé l'abbaye Saint-Vincent, il souhaite néanmoins relativiser cet incident.

DIRE que le conservateur en chef du patrimoine de l'Aisne a vécu l'incendie de l'abbaye Saint-Vincent avec beaucoup de recul semble relever de l'euphémisme.
Mais attention, pas question pour ce spécialiste des vieilles pierres de minimiser la chose. Mais pas question non plus de la surdimensionner.
Un seul mot d'ordre alors n'a de grâce à ses oreilles : relativiser.
« Il y a eu une vague d'affolement, je l'admets. Moi-même, dès que j'ai entendu la nouvelle, je me suis précipité sur place pour voir l'étendue des dégâts et, très vite, j'ai compris qu'il n'y avait pas péril en la demeure. Certes, la charpente et la toiture étaient parties en fumée, mais le feu fut tellement rapide qu'il n'a pas eu le temps d'attaquer la pierre qui, elle, renferme la vraie valeur de l'édifice. Ce constat, je ne suis pas le seul à le dresser ; architectes et archéologues partagent en effet mon point de vue ».

 

 

Dans les règles de l'art

Puis, plus précis -et un rien plus cinglant aussi- Christian Gissinger est à deux doigts de nous affirmer que les aménagements intérieurs de la bâtisse ne revêtaient pas une grande valeur, si ce n'est celle qu'on voulait bien lui donner.
Une valeur affective en somme, qui repose surtout sur les efforts fournis par l'armée durant son exploitation des lieux.
« En fait, c'est un décor de théâtre. Car derrière ces murs il n'y avait plus rien de bien intéressant. Tout ce qui avait de la valeur au sens historique du terme avait disparu depuis bien longtemps. Avec l'arrivée de l'armée justement, à la fin du XIXe siècle. Quant à l'église abbatiale, elle avait été écroulée longtemps avant… ».
Reste alors à savoir si le nouveau propriétaire des lieux est tenu, oui ou non, de remettre ce monument en état. La réponse est
« oui ».
« Plus exactement, il est tenu de le protéger, ce qui revient à la même chose… », note Christian Gissinger. Quant aux techniques qui devront être employées pour cette restauration, elles devront forcément reposer sur le savoir-faire d'entreprises spécialisées et dans les règles de l'art.
Exit donc la nouvelle charpente en bois (idée que l'on a pu percevoir ici et là), et c'est de bois dont il sera question :
« Ce type de construction n'y résisterait pas. Il faut vraiment utiliser les matériaux ad hoc ».


Une nouvelle histoire pour le site
Enfin, selon le conservateur du patrimoine, cet incendie, aussi dramatique fut-il peut-être le point de départ d'une nouvelle histoire pour le site :
« Puisqu'un projet ambitieux est actuellement à l'étude, cette abbaye pourrait très bien être un point fort de ces aménagements. Pourquoi ne pas en faire, par exemple, un lieu d'exposition, des salles de réunions ou de banquet ».
Une idée qui aurait pour effet d'en finir avec cet aspect sanctuaire qui la caractérise, car après les moines, après la Grande Muette, la plus belle chose qui pourrait arriver à Saint-Vincent serait certainement de pouvoir être enfin rendue à la population.
Une population qui, on l'a vu, n'en finit pas de l'apprécier.


Nicolas Fostier

 

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