Article de l'Union du 17/06/2008

 

 

 

 

 

Les propriétaires de l'abbaye Saint-Vincent ont découvert hier avec stupeur l'ampleur des dégâts,à la suite de l'incendie. Les travaux à réaliser n'ont plus rien à voir avec ceux prévus.

LES propriétaires de l'abbaye Saint-Vincent ont découvert, hier, les ravages causés par l'incendie de samedi (l'union de dimanche et lundi).
Dès 9 heures, Jean-Charles Lefebvre, directeur général de Palm promotion et Mme Jouve, de la financière la Magdelaine, étaient sur place, en compagnie du maire, Antoine Lefèvre.

Visiblement, ils ne s'attendaient pas à un tel choc.

« C'est catastrophique. Il ne reste plus rien », s'exclame Jean-Charles Lefebvre.
Son regard se porte notamment sur les grosses poutres porteuses qui sont calcinées.
« On ne pourra plus faire un plancher à l'identique. Ce n'est plus de la réhabilation de patrimoine, cela devient un chantier complètement différent », poursuit-il horrifié. Il note que les pignons ont tenu.
« C'est une sacrée construction toute de même ! » lance- t-il, admiratif. L'heure est cependant aux démarches à entreprendre le plus vite possible.
Les propriétaires constatent qu'une poutre tombe encore, que de la fumée s'échappe toujours.

 

Sécuriser le site
« Il faut à tout prix sécuriser le site, c'est trop dangereux. »
Il est strictement interdit de pénétrer sur le site et des rondes de police seront organisées. Plusieurs cadenas à la grille d'entrée ont été usés ces derniers mois. Cette fois, les propriétaires sont bien décidés à empêcher les intrusions.
En attendant, ils sont allés porter plainte au commissariat. Ils savent que plusieurs expertises vont être nécessaires, que cela risque d'être long. Il va y avoir l'expert judiciaire, l'expert de l'assurance, une expertise indépendante, l'avis de l'architecte des Bâtiments de France… Des arbitrages auront lieu, sans doute.
« Tout cela alors que le plan d'aménagement allait être discuté. Quel intérêt de détruire une charpente vieille de trois cents ans ? » se sont encore interrogés des propriétaires, abasourdis. La colère n'est pas que de leur côté. Le maire est encore excédé par les bruits qu'il a pu entendre ici ou là, comme quoi l'incendie arrangerait la ville ou les propriétaires.
« C'est honteux de dire des choses pareilles. C'est de la diffamation et je mets en garde contre d'éventuelles poursuites ! » s'est-t-il exclamé.

La ville porte plainte pour préjudice moral
La ville a décidé de porter plainte, elle aussi, pour préjudice moral et détérioration du patrimoine historique de la ville.
Dans l'après-midi, Emile Vitrant, adjoint au maire chargé de l'Urbanisme, des travaux et de la voirie, s'est rendu également sur place avec l'architecte des Bâtiments de France et un charpentier spécialiste des monuments historiques. Ce dernier aurait eu des propos plutôt rassurants concernant la structure qui n'aurait pas trop souffert ; même si, évidemment, seules des expertises précises permettront de savoir ce qu'il en est réellement.
Dans la foulée, les investigations de la police se poursuivent, évidemment, avec un expert judiciaire diligenté par le parquet et l'enquête de voisinage, notamment.

Yann Le Blévec

Tant d'étapes pour en arriver là
Le site du ministère de la Défense, longtemps abandonné, a fait l'objet de toutes les convoitises, des projets les plus insensés à d'autres plus crédibles. On se rappelle notamment d'un projet concernant la société hippique ou celui d'un spectacle historique, style Puy du Fou…
Tous se sont heurtés à des raisons techniques, à des raisons financières surtout.
Il aura fallu un cahier des charges rédigé conjointement par la ville et l'Etat, la possibilité d'utiliser une procédure nouvelle, celle de l'appel d'offres ouvert, et une révision du plan de sauvegarde pour qu'un grand monument emblématique de la ville trouve une issue, soulignait le préfet, Evelyne Ratte, en décembre 2006.
Tout cela pour que, finalement, des poutres et une charpente séculaires s'écroulent en quelques minutes.
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