
Les propriétaires de
l'abbaye Saint-Vincent ont découvert hier avec stupeur l'ampleur des dégâts,à
la suite de l'incendie. Les travaux à réaliser n'ont plus rien à voir avec ceux
prévus.
LES propriétaires de l'abbaye Saint-Vincent ont découvert, hier,
les ravages causés par l'incendie de samedi (l'union de dimanche et lundi).
Dès 9 heures, Jean-Charles Lefebvre, directeur général de Palm promotion et Mme
Jouve, de la financière la Magdelaine, étaient sur place, en compagnie du
maire, Antoine Lefèvre.
Visiblement, ils ne s'attendaient pas à
un tel choc.
« C'est catastrophique. Il ne reste plus rien », s'exclame Jean-Charles
Lefebvre.
Son regard se porte notamment sur les grosses poutres porteuses qui sont
calcinées.
« On ne pourra plus faire un plancher à l'identique. Ce n'est plus de la
réhabilation de patrimoine, cela devient un chantier complètement différent »,
poursuit-il horrifié. Il note que les pignons ont tenu.
« C'est une sacrée construction toute de même ! » lance- t-il,
admiratif. L'heure est cependant aux démarches à entreprendre le plus vite
possible.
Les propriétaires constatent qu'une poutre tombe encore, que de la fumée
s'échappe toujours.
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Sécuriser le site
« Il faut à tout prix sécuriser le site, c'est trop dangereux. »
Il est strictement interdit de pénétrer sur le site et des rondes de police
seront organisées. Plusieurs cadenas à la grille d'entrée ont été usés ces
derniers mois. Cette fois, les propriétaires sont bien décidés à empêcher les
intrusions.
En attendant, ils sont allés porter plainte au commissariat. Ils savent que
plusieurs expertises vont être nécessaires, que cela risque d'être long. Il va
y avoir l'expert judiciaire, l'expert de l'assurance, une expertise
indépendante, l'avis de l'architecte des Bâtiments de France… Des arbitrages
auront lieu, sans doute.
« Tout cela alors que le plan d'aménagement allait être discuté. Quel
intérêt de détruire une charpente vieille de trois cents ans ? » se sont
encore interrogés des propriétaires, abasourdis. La colère n'est pas que de
leur côté. Le maire est encore excédé par les bruits qu'il a pu entendre ici ou
là, comme quoi l'incendie arrangerait la ville ou les propriétaires.
« C'est honteux de dire des choses pareilles. C'est de la diffamation et je
mets en garde contre d'éventuelles poursuites ! » s'est-t-il exclamé.
La ville porte plainte pour préjudice
moral
La ville a décidé de porter plainte, elle aussi, pour préjudice moral et
détérioration du patrimoine historique de la ville.
Dans l'après-midi, Emile Vitrant, adjoint au maire chargé de l'Urbanisme, des
travaux et de la voirie, s'est rendu également sur place avec l'architecte des
Bâtiments de France et un charpentier spécialiste des monuments historiques. Ce
dernier aurait eu des propos plutôt rassurants concernant la structure qui
n'aurait pas trop souffert ; même si, évidemment, seules des expertises
précises permettront de savoir ce qu'il en est réellement.
Dans la foulée, les investigations de la police se poursuivent, évidemment,
avec un expert judiciaire diligenté par le parquet et l'enquête de voisinage,
notamment.
Yann Le Blévec
Tant
d'étapes pour en arriver là
Le site du ministère de la Défense, longtemps abandonné, a fait l'objet de
toutes les convoitises, des projets les plus insensés à d'autres plus
crédibles. On se rappelle notamment d'un projet concernant la société hippique
ou celui d'un spectacle historique, style Puy du Fou…
Tous se sont heurtés à des raisons techniques, à des raisons financières
surtout.
Il aura fallu un cahier des charges rédigé conjointement par la ville et
l'Etat, la possibilité d'utiliser une procédure nouvelle, celle de l'appel
d'offres ouvert, et une révision du plan de sauvegarde pour qu'un grand
monument emblématique de la ville trouve une issue, soulignait le préfet,
Evelyne Ratte, en décembre 2006.
Tout cela pour que, finalement, des poutres et une charpente séculaires
s'écroulent en quelques minutes.Insèrez le contenu.
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