ABBAYE SAINT-VINCENT

  Historique (suite)

 

  

 

  

  

  

  

Dans la "Gestis francorium" Aimoin nous dit qu'en 936 Louis IV d'Outre-Mer, fils de Charles le Simple, reçu l'onction royale dans cette abbaye. Artaud, archevêque de Reims, officiait en présence de plus de 20 évêques et des grands du royaume.
 
Peu de temps après, Hugues  le Grand qui est en rebellion contre le roi Louis IV d'Outre-Mer vint assiéger la ville de Laon défendue par Ogive, mère du roi. Ne pouvant prendre  la ville, il se venge sur le pays alentour et sur  l'abbaye Saint Vincent.
 
En 948, le nouvel évêque de Laon, Raricon, frère naturel du roi établit douze moines bénédictins qu'il fait venir de Fleury sur Loire (actuellement Saint Benoît sur Loire) et pour éviter tout changement ultérieur, fait confirmer ce rétablissement sur le plan ecclésiastique par un concile régional en 961 et sur  le plan temporel par son neveu le roi Lothaire en 975.

La nouvelle église abbatiale fut achevée et consacrée en 1072 par l'évêque Elinand qui avait obtenu du roi Philippe Premier la gratuité de tous les bois de charpente "bois de bonnes et grandes futaies à prélever dans la forêt de Crecy qui lui appartenait à condition que les religieux de ce monastère prient pour sa personne royale, sa femme, son fils, tout le royaume et la chrétienté.

 En 1082, l'Abbé ADALBERON fait entourer de murs l'abbaye, non seulement pour la défendre contre les invasions mais également pour la tranquillité des moines en éloignant la population dont certaines habitations touchaient les bâtiments et l'église. Il fit en même temps creuser l'étang au moines et avec les pierres récupérées, il fit construire la chapelle de la madeleine au fond des jardins.

 

 En 1145, l'église est incendiée par un orage. La reconstruction durera de 1175 à 1305. Cette nouvelle église qui ressemblait fortement à la cathédrale de Laon, mesurait 90 m de long et 45 m de large. Elle possédait 4 grandes roses et 135 vitraux et faisait partie des 7 merveilles de Laon. Au XIV°et XVème siècle, l'abbaye Saint Vincent comme beaucoup d'églises et de châteaux de la région eut à souffrir des guerres et des incursions des Anglais qui pillèrent et brûlèrent la bibliothèque riche de plus de 20000 manuscrits. Il en réchappa 257 dont une partie est conservée à la bibliothèque royale de Belgique et une cinquantaine à la bibliothèque municipale de Laon.

En 1520, le dernier abbé séculier, Jean charpentier fait refaire la façade de l'église et construire les voûtes  de la nef.

 

En 1561 Geoffroy de Billy devenu abbé de Saint-Vincent lutte contre le protestantisme en participant au triomphe de la transsubstantation lors de l'affaire Nicole Obry. Il fut député aux états généraux de Blois de 1576 à 1577 et de 1588 à 1589.

Après les meurtres de ses anciens protecteurs, le Duc et le Cardinal de Guise, il se rallie à la ligue et en assure la victoire à Laon en 1589. Craint et respecté des ligueurs locaux, il participa à la conférence de Suresnes et se rangea du coté d'Henry IV après la conversion de celui-ci au catholicisme le 25 Juillet 1593.

 

Le 25 mars 1594, Henry IV vint mettre le siège devant Laon et établit son quartier général dans l'abbaye Saint Vincent. Pour augmenter la portée de ses pièces d'artillerie, il les fait mettre en batterie sur les voûtes de l'église qui en  fut fortement ébranlée. Au cours de ce siège, il faillit être tué d'un coup de couleuvrine  dont le boulet tapa la pierre un pied et demi au-dessus de sa tête.

Conséquence directe du siège de 1618, la nef et le clocher  s'écroulent. Les abbés commendataires, plus soucieux de leurs propres biens que de l'abbaye, laissent les chose en l'état. Les moines disent la messe en hiver sous la neige et même un jour, le vent fit s'envoler la grande hostie.

En 1640 commence la reconstruction qui va durer jusqu'en 1771, date où fut achevé le logis abbatial actuel.

Dévastée sous la révolution, elle servit successivement de magasin à fourrage, d'hôpital militaire et de prison avant d'être vendue en 1796 au sieur Bosc qui vendit les pierres et les charpentes pour payer son achat. Exproprié en 1810 parce qu'insolvable, l'abbaye devint la propriété des sieurs Delvoncout et Servant avant d'être vendue en 1854 à l'évêché de Soissons pour en faire une maison de retraite pour prêtres âgés.

Le domaine de Saint Vincent fut déclaré d'utilité publique en Décembre 1876 et acheté l'année suivante par l'armée au profit de la Direction de l'Artillerie pour en faire un arsenal.

Aujourd'hui, il ne reste de l'ancienne abbaye que le logis abbatial construit en 1771 sur le fronton duquel est reproduit en relief la façade de l'ancienne église qui faisait corps avec le bâtiment. Dans la cour intérieure où s'élevait jadis le cloître reste un cadran solaire.

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